Sorégies investit 500 millions d'euros pour viser un mix électrique 100 % renouvelable en 2030

Éolien terrestre, photovoltaïque, hydraulique et pilotage de la demande : le groupe Sorégies, basé dans la Vienne, travaille au doublement de sa capacité de production d'électricité renouvelable pour atteindre 1.000 GWh en 2030. De quoi couvrir 100 % de la consommation de ses clients contre 57 % actuellement. Cette accélération est financée pour moitié par un prêt de 250 millions d'euros obtenu auprès de la BEI.
Un champ d'éoliennes opéré par Sergies, filiale de Sorégies.
Un champ d'éoliennes opéré par Sergies, filiale de Sorégies. (Crédits : Sergies / Groupe Sorégies)

Quinze jours après la levée de 200 millions d'euros opérée par Technique Solaire, le constat se confirme avec autre une entreprise poitevine de premier plan : « Le marché des énergies renouvelables est en train de complètement changer d'échelle, pour répondre au besoin massif d'électrification des usages  », observe Frédéric Bouvier, le PDG de l'énergéticien Sorégies, basé dans la Vienne, avant d'illustrer son propos :

« Dans la Vienne, il y aura quatre fois plus d'installations d'énergies renouvelables déployées d'ici 2030 que la puissance actuellement installée. Et alors que nous avons construit 16 postes sources en 100 ans, nous en déploierons sept de plus d'ici 2030 ! »

Dans la Vienne comme ailleurs en France, les enjeux sont en effet considérables si ce n'est critiques, au regard de la Stratégie énergie climat présentée il y a quelques jours. De 25 % en 2022, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique tricolore doit grimper autour de 40 % en 2030 puis à 50 % en 2035, date à laquelle elles devront faire jeu égal avec le nucléaire. La bonne nouvelle c'est que les financements sont désormais au rendez-vous de ces besoins colossaux.

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100 % de renouvelable en 2030

Sorégies propose déjà à ses 150.000 clients particuliers et professionnels un mix électrique issu à 57 % des énergies renouvelables. Le groupe basé à Poitiers possède une capacité de production en propre d'environ 530 GWh dans la Vienne et quatre départements limitrophes. Mais le pari est désormais d'atteindre une production 100 % renouvelable de 1.000 GWh à l'horizon 2030. Ce passage à l'échelle suppose des moyens nouveaux et c'est auprès de la Banque européenne d'investissement que l'électricien viennois est allé les chercher en décrochant un prêt de 250 millions d'euros sur 20 ans !

« Avec un taux et des conditions de tirages favorables, c'est presque une levée de fonds puisque cela nous permettra d'aller chercher les fonds au fur et à mesure des projets sans renégocier à chaque fois », se félicite Frédéric Bouvier.

Sorégies en chiffre

Sorégies est une société anonyme d'économie mixte, filiale à 84 % du Syndicat énergies Vienne créé en 1923. Le groupe présent dans la Vienne et quatre départements limitrophes emploie 460 salariés et pèse 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Il détient 502 GWh d'actifs de production d'électricité renouvelable grâce à près de 200 parc photovoltaïques, 15 parc éoliens, 42 centrales hydroélectriques. L'énergéticien fournit aussi du gaz, dont 60 % de biogaz en Maine-et-Loire et 10 % dans la Vienne. Le groupe vient de revoir sa gouvernance : déjà directeur général, Frédéric Bouvier a été nommé PDG et est épaulé par quatre directeurs adjoints : Vincent Giraud (gaz, infrastructures et R&D), Pascal Grimaud (ressources mutualisées), Antonin Marcault (fournir l'énergie et DG d'Alterna énergie) et Anna Wachowiak (production, achat et valorisation de l'énergie, innovation, communication et affaires publiques).

Éolien terrestre, photovoltaïque, hydraulique

Ce prêt de 250 millions d'euros est en effet très conséquent en comparaison des 150 millions d'euros investis annuellement par Sorégies en 2022 et 2023. De quoi permettre de tenir le rythme et même d'augmenter la voilure d'environ 10 % pour investir au total 500 millions d'euros sur trois ans. « Le but est d'investir massivement dans nos moyens de production d'énergie renouvelable pour disposer d'un ruban couvrant la totalité des besoins et des profils de consommation de nos clients », ajoute le dirigeant.

L'éolien jouera le premier rôle dans cette montée en puissance pour représenter 60 % des 1.000 GWh prévus en 2030. Le photovoltaïque, surtout au sol sur des zones artificialisées mais aussi en toiture, pèsera 25 % du total malgré un développement sur la pointe des pieds dans l'agrivoltaïsme, tandis que l'hydro-électricité alimentera les 15 % restants. « Notre filiale Hydrocop, est le 4e producteur hydro-électrique français et nous allons investir dans nos installations dans les Alpes et la vallée du Lot en suivant une logique de résilience à long terme face à l'impact du dérèglement climatique sur la ressource en eau », précise Frédéric Bouvier.

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Jouer sur l'offre et la demande

Enfin, Sorégies jouera également la carte du pilotage de la consommation d'électricité en jouant sur le triptyque : production-stockage-commercialisation. Une centrale adossée à une batterie est déjà testée depuis trois ans dans la Vienne avec Ze Energy. D'ici 2025, l'idée est de multiplier ces batteries stationnaires pour permettre aux courbes de production et de consommation de coïncider grâce à stockage de quelques heures. Cet effort s'adossera à une tarification dynamique pour jouer sur la demande avec des prix plus bas en journée lorsque l'énergie solaire sera massivement disponible. « On va notamment inciter nos clients à recharger les véhicules électriques en journée dans notre futur réseau d'un millier de bornes de recharge », précise Frédéric Bouvier.

Et bien que les délais et obstacles administratifs ne faiblissent pas malgré les annonces de l'Etat, Sorégies se montre serein sur sa capacité à délivrer son ambitieuse feuille de route. Le solaire comme l'éolien ont atteint une maturité et un coût de revient qui leur permettent d'être compétitif, promet le dirigeant : « Nos parcs éoliens seront installés sans garantie de rachat par l'Etat en s'appuyant sur le modèle du PPA [power purchase agreement, contrat de vente directe] et sur notre modèle de boucle locale de l'énergie : s'il y a des éoliennes près de chez vous, vous en bénéficierez sur votre facture d'électricité ! »

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